Bangaloreans

A while ago, I left France to live abroad. India has been my first destination. After a few months of solo wanderings, I surprised myself when I stopped with my suitcases in Bangalore. Parisian I was, weary by the so-called western modernity. Bangalorean I became for about a year; in mutation and looking for a new balance, like this urban chaos in the middle of a metamorphosis process. Bangalorean youth, also in a transformation process, like the city itself, gave me the sensation that it was possible to combine individual aspirations with modernity, going hand in hand with cultural heritage. A cultural heritage handed down by the family as well as by spiritual beliefs. In other words, one can create a composite, tailor-made identity for oneself. All of a sudden there is a sense of belonging and connectedness while remaining faithful to one’s individuality.

Was my foreigner’s vision a romantic one or was it close to the reality? Has the life of the chameleon, with its kit forming an impressive array, ended for good? Could a split-personality go hand in hand with harmony?Were these young Bangaloreans for good in the process of reconciling artha – one of the main principles of Hinduism- with Gandhi principles, one the of the fathers of ecology ? Today, as the Indian development is crucial for the future of humanity *, will these young creators of the new Indian identity avoid the fatal trap of market economy illusions and “holy” growth politics? This is how my overwhelming desire emerged to know more about those I was in close contact with day after day. As I carried out creations with some of these young Bangaloreans, I have been exploring the question of the composite identity and freedom. At the same time, I have been able to take up the subject of the individual while attempting to widen the limits of a new form of modernity. * The planet doesn't have enough natural resources to provide to more than one billion Indians a standard of living equivalent to that of Westerners (Americans and Europeans). So the question of the Indian footprint’s exponential increase has become essential.

Il y a quelques temps déjà, j’ai quitté la France pour vivre à l'étranger. L'Inde a été ma première destination. Après plusieurs mois de pérégrinations en solo, à ma grande surprise, j’ai posé mes valises à Bangalore. Parisienne j’étais, lassée par la prétendue modernité occidentale. « Bangalorean » je suis devenue durant environ un an; en pleine mutation et à la recherche d’un nouvel équilibre, à l’instar de ce chaos urbain en pleine métamorphose. La jeunesse de Bangalore, également en processus de changement comme leur ville, me donnait la sensation qu’il était possible de conjuguer aspirations individuelles avec modernité, héritage culturel, familial et spirituel. En somme qu’on peut se tailler sur mesure une identité composite, se sentir appartenir et relié, tout en étant fidèle à sa propre singularité.

Ma vision d’étrangère était-elle proche de la réalité, ou juste romantique voire utopique? Fini, bien fini, la vie de caméléon avec son kit de panoplies ? La schizophrénie pouvait-elle vraiment rimer avec harmonie ? Ces jeunes « Bangaloreans » réussiraient-ils pour de bon à concilier l’artha, l’acquisition de la richesse -un des quatre buts fondamentaux de la vie définis par l’hindouisme- avec les principes de Gandhi, l’un des pères de l’écologie politique ? Alors que le développement indien est aujourd’hui crucial pour l’avenir de l’humanité, ces jeunes créateurs de la nouvelle identité indienne sauraient- ils éviter le piège mortel des illusions de l’économie de marché et de la sacro-sainte politique de croissance ? Un désir irrépressible d’en savoir plus sur ceux que je côtoyais quotidiennement a ainsi émergé. En menant des créations en collaboration avec certains « Bangaloreans », j'ai pu explorer la question de l’identité composite, de la liberté individuelle, tout en tentant d’ébaucher les contours d’une nouvelle forme de modernité. * La planète ne dispose pas suffisamment de ressources naturelles pour assurer à plus d’un milliard d’indiens un niveau de vie équivalent à celui des populations occidentales. La question de l’augmentation exponentielle de l’empreinte écologique indienne est primordiale pour l’avenir de la planète et de l’ensemble de l’humanité.

anger sutra bitter

 2009- video  single channel, 3 minutes -  based on a poem by Aporup Acharya - with Aporup Acharya, voice Aporup Acharya and music Didier Couly /  basé sur un poeme d'Aporup Acharya, avec Aporup Acharya, texte & voix Aporup Acharya et musique Didier Couly

private diaries in fragments / journaux intimes en fragments

2008 - 2009/ installation - photography and sound / photographie et son

For several years I have been pursuing a project of photography in India. The haphazard display of posters which fills the urban space is my field of predilection. The posters that are stuck never remain whole for very long; they end up getting partly torn or are covered up by new ones. It is at that point that fragments of faces, of bodies, as well as profiles begin to emerge out of the mass of colours and typography or the exposed walls. These are the subjects of my photos.

With the passage of time, I have created in this fashion what I have named my collection of fragmented portraits: a gallery of portraits of urban men and women whose common point is that they are “multi-layered” individuals. These portraits, which are “in my own way” an homage to the great Raymond Hains, seem to reveal to the naked eye who these men and women are beyond their appearances. The fragments of posters superimposed one over the other, are like their multiple skins, their multiple ways of being, their multiple selves, the missing pieces as the witnesses of the identity metamorphosis through which they have passed. In complete contrast to the agitation of the city, they are frozen in an expression and a posture. It is as if time had suddenly stopped only for them, thinking it necessary to give them time to ponder. From that was born the idea of this creation Nine ordinary middle-class Bangaloreans in their 30's have chosen a « fragmented portrait » they identify with. Nine, "neuf" in french, a word that also means new, like the new bangalorean identity emerging. In the style of a personal diary, they expose their state of mind of the moment without embellishment or artifice, in English , and in the first person. These inner voices and intimate monologues reveal who they are and how they live with their composite identities.

The installation:The background sound is a familiar one: the urban cacophony. If one shuts one’s eyes one would believe oneself to be in the middle of Bangalore at the rush hour. In this space, these 9 photographic prints are hung. A headphone is attached to each of these portraits.

The public is invited to penetrate the intimacy of these men and women; as a doctor with his stethoscope listening to his patient’s heartbeats, each one can collect in his hear the intimacies of these strangers.

Depuis plusieurs années, je poursuis un travail photographique en Inde. L’affichage sauvage qui peuple l’espace urbain est mon terrain de prédilection. Les affiches collées ne restent jamais très longtemps entières. Elles finissent toujours par être partiellement déchirées et/ou recouvertes par de nouvelles. A ce moment-là, des fragments de visages, de corps, des silhouettes, émergent d’amas de couleurs, de typographies ou de murs nus. Ils sont l’objet de mes photos. Au fil du temps, je constitue ce que j’intitule ma collection de portraits en fragments, une galerie de portraits d’hommes et de femmes urbains dont le point commun est d’être des individus « multi-couches ». Ces portraits, hommage « à ma façon » au grand Raymond Hains, semblent révéler à l’œil nu qui sont réellement ces hommes et ces femmes au-delà de leurs apparences. Les morceaux d’affiches superposés sont comme leurs multiples peaux, leurs multiples états d’être, leurs multiples « je », des fragments disparus témoins du processus de mue identitaire qu’ils traversent. A contre-courant de l’agitation de la ville, ils sont figés dans une expression et une posture, comme si le temps, jugeant nécessaire de leur accorder un moment de réflexion, s’était brusquement arrêté pour eux, rien que pour eux. De là est née l’idée de cette création. 9 trentenaires ordinaires de Bangalore issus de la classe moyenne; des individus de la "vraie vie" ont choisi une photo avec laquelle ils s'identifient et qui les représentent. Sur le mode du journal intime, ils se racontent sans fards ni artifices, en anglais et à la première personne. Ces monologues intimes révèlent qui ils sont et comment ils vivent avec leurs identités composites.

L'installation: L’ambiance sonore des lieux est familière : le capharnaüm urbain. En fermant les yeux, on pourrait se croire en plein centre de Bangalore à une heure de trafic maximum.Dans cet espace, ces 9 tirages photos sont accrochés. Neuf comme la neuve- nouvelle identité de bangalore qui émerge actuellement. Chacun de ces portraits est équipé d'un casque. Le public est invité à pénétrer dans l'intimité de ces hommes et de ces femmes. Tel un médecin doté de son stéthoscope auscultant le cœur de son patient, il recueille au creux de son oreille les intimités de ces inconnus.


R.  November 2008

I.  March 2009

E. 

June 2009

H. 

April 2009

S. 

May 2009

P. 

October 2008

A. 

July 2009

M. 

December 2008

C.

January 2009

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